SlateAfrique

mis à jour le

Belmokhtar et Abou Zeid, des morts pas vraiment morts

L'histoire est en train de devenir une sorte d’arlésienne: on en parle sans vraiment la voir.

Tout le week-end, les nouvelles de la mort de deux redoutables chefs d’Aqmi (al-Qaida au Mahgreb islamique) se sont relayées pour être aussitôt démenties, ou en tout cas vigoureusement… «pas confirmées».

Il y a d’abord eu l’annonce de la mort d’Abou Zeid, le 28 février, par le site de la chaîne de télévision privée algérienne Ennahar. Une information ni confirmée ni réellement démentie par les autorités françaises ou par Alger.

Tout ce ci, jusqu’à ce que le président tchadien, Idriss Déby, ajoute du flou au flou, en annonçant, le 1er mars, que les forces tchadiennes intervenant dans le massif des Ifoghas, au Nord-Mali, «ont abattu deux chefs djihadistes dont Abou Zeid».

Pour autant, Paris s’est refusée à tout commentaire sur le sort de celui qui est soupçonné d’être responsable de nombreux occidentaux dont 5 Français (plus un Malgache et un Togolais), en 2010 sur un site d’uranium exploité par le groupe Areva, à Arlit,  au Niger.

Face à ce jeu de cache-cache, les autorités françaises ont fini par sortir du bois, ce lundi 4 mars, par la voix du chef d’état-major des armées.

Dans un entretien accordé à Europe 1, l’amiral Edouard Guillaud a annoncé que la mort du chef djihadiste Abdel Hamid Abou Zeid était «probable», avant d’en rajouter une couche sur la confusion actuelle:

«C'est probable, mais ce n'est que probable, nous ne pouvons avoir de certitude pour l'instant, parce que nous n'avons pas récupéré le corps.»

Il y a eu ensuite l’annonce du 2 mars par Idriss Déby, encore lui. Il a déclaré de façon tonitruante, que le contingent tchadien au Mali a abattu un autre chef djihadiste, et non des moindres: l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, celui-là même qui a revendiqué l’attaque du site gazier de Tinguetourine, près d’In Amenas, en Algérie, le 16 janvier.

Une attaque suivie d’une prise d’otages spectaculaire et qui avait abouti à la mort, selon Alger, de 37 étrangers de différentes nationalités.

Le problème c’est que, là aussi, personne ne confirme. A Paris, c’est un silence assez assourdissant des autorités qui est donné en guise de réponse.

Sur les réseaux sociaux, la thèse selon laquelle Mokhtar Belmokhtar, le chef de la katiba (unité de combat) des «Signataires par le sang», ne serait «pas mort» circule de plus en plus, comme le relaie Reuters.

Un militant pro-islamistes a indiqué sur un forum de discussion que Belmokhtar «est bien vivant et mène des batailles lui-même».

Le message, précise encore reuters, ajoutait que Belmokhtar publierait bientôt un message confirmant sa «non mort».

Lu sur Reuters, Europe 1