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Comment les dictatures se servent des nouvelles technologies

Après avoir dénoncé les méthodes répressives des régimes autoritaires, les nations occidentales doivent expliquer comment leurs entreprises ont pu vendre des technologies de surveillance à ces mêmes régimes policiers fondés sur la peur et le mouchardage.

Intercepter les mails, les SMS et les appels des opposants n’auraient pas été possible sans ces technologies.

Le site Bloomberg dédie une série d’articles à ce thème. «Wired for répression» décrit en détail la façon dont les sociétés occidentales ont vendu des technologies de surveillance à des régimes comme l'Iran, la Syrie, le Bahreïn,Tunisie, l'Egypte.

Quels pays ont fourni ces technologies aux régimes, comment ont-elles été utilisées contre les militants? Un certain nombre d'entreprises européennes et américaines ont fourni des éléments très importants, écrit le reporter Ben Elgin.

Pour l'heure, le secteur de la surveillance ne pâtit pas de la crise économique. Il serait, au contraire, en pleine essor. Certains analystes estiment que le secteur apporte entre 3 milliards et 5 milliards de dollars par an.

Ben Elgin mentionne plusieurs sociétés européennes dont une britannique appelée Gamma Group. Elle a créé un logiciel appelé FinFisher permettant d’accéder aux données d’un ordinateur lors d’une mise à jour Itunes. Et ce logiciel aurait été testé en Egypte, selon le site Bloomberg.

La personne pense seulement télécharger un morceau de musique. En réalité, elle a permis l’entrée d’un logiciel espion dans son ordinateur, celui-là même qui pourra contrôler  tous ses dires et même activer la webcam ou le microphone à son insu.

En Egypte, deux ans après la démission d’Hosni Moubarak, la collecte d’informations demeure l’un des soucis du régime islamiste en place. Récemment, le président Mohammed Morsi a dit être la cible d’un complot ourdi par ses opposants lors d'une réunion.

Quelques mois plus tôt, l'homme le plus puissant de la confrérie des Frères musulmans, Khairat el-Shater, a déclaré avoir eu accès à des enregistrements d'anciens dirigeants militaires et de fonctionnaires portant sur sa disqualification de la course présidentielle.

Comme le font remarquer certains journaux indépendants, les Frères musulmans seraient en passe d'organiser leurs propres collectes de renseignements.

Néophytes dans l’exercice du pouvoir, les Frères musulmans cherchent à consolider et contrôler tous les pans de la société, de la presse à la justice. Comme sous le régime Moubarak, les services de renseignement restent l’une des colonnes vertébrales du régime. 

Lu sur Bloomberg, ABC News