mis à jour le
Pétrole libyen: Kadhafi brandit la menace de la nationalisation
Le spectre de la nationalisation des opérations pétrolières ressurgit en Libye. Le pays disposant de ressources abondantes, la menace est prise très au sérieux par les entreprises étrangères qui les exploitent. Le quotidien américain Financial Times fait part des inquiétudes de ces dernières de se voir dessaisir de leurs contrats avec l’Etat libyen, alors que les frappes ciblées de la coalition continuent.
Comme par le passé, le pétrole sert aujourd'hui de moyen de pression à Mouammar Kadhafi. L’espagnol Repsol, le français Total, l’Italien Eni ou encore l’Allemand BASF, tous sont implantés en Libye. Avec la crise, les dirigeants ont rapatrié quelques-uns de leurs employés, craignant qu’ils ne soient pris à partie par les forces loyales au Guide.
Le Financial Times cite Samuel Cizsuk, analyste des ressources énergétiques du Moyen-Orient pour IHS Global Insight:
«Le régime libyen a pour habitude de considérer les compagnies pétrolières internationales comme des extensions de leur gouvernement, ce qui risque de causer des dégâts irréparables pour les entreprises françaises et américaines.»
En plus d’autoriser l’intervention militaire, la résolution 1973 votée le 17 mars 2011 à l’ONU ordonne le gel des biens de la Compagnie nationale de Pétrole libyenne. C’est elle qui contrôle l’exploitation sur le territoire. Les compagnies pétrolières sont ainsi confrontées à un dilemme. Le journaliste français Matthieu Auzaneau évoque par exemple le permis d’exploration obtenu par Total jusqu’en 2032; la compagnie française a découvert de nouveaux gisements, mais pourrait bien ne pas jouir de leur exploitation.
Shokri Ghanem, le président de la Compagnie nationale de pétrole, a en effet mis en garde les entreprises occidentales contre la réduction de leur production pendant l’intervention des forces coalisées. Si elles ne reprennent pas leur activité, les contrats actuels comme les nouvelles exploitations de pétrole et de gaz pourraient leur échapper au profit de leurs adversaires; la Chine, l’Inde et le Brésil, trois pays qui se sont abstenus de voter la fameuse résolution 1973.
Lu sur le Financial Times