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Jeune femme portant une mini-jupe. © Reuters
Jeune femme portant une mini-jupe. © Reuters

Il faut arrêter de raconter n'importe quoi sur la mini-jupe

En Afrique australe, certains veulent interdire aux femmes de porter la mini-jupe. Parce que, pensent-ils, c'est une façon de tenter le diable.

L’Afrique australe est prise dans une tempête conservatrice et machiste. Après l'Afrique du Sud et le Swaziland, la Namibie vient de ressortir l’argument archaïque et longuement rebattu que «s’habiller de manière affriolante, c’est tenter le diable».

De Johannesburg à Windhœk, les mêmes sirènes sexistes se font entendre. Et, dans tous les pays de la région, on se focalise en particulier sur la mini-jupe, tenue pour responsable des viols et agressions sexuelles contre les femmes.

Pas africaine du tout, trop aguicheuse, la mini-jupe serait un vrai danger public, selon nombre de commentateurs. Les femmes qui la portent, elles, ne seraient que des proies facilement troussables.

Fin décembre 2012, les médias du Swaziland, petit royaume situé à l’intérieur de l’Afrique du Sud, annonçaient une interdiction des mini-jupes.

Selon l’AFP, une loi coloniale datant de 1889 devait même être ressortie du placard. Jupe courte, jean taille basse... le port de certains vêtements serait dès lors passable d'une condamnation pouvant aller jusqu'à six mois de prison.

«Le viol est facilité, parce qu'il est facile de retirer la petite pièce de tissu portée par les femmes», avait très sérieusement commenté la porte-parole de la police du Swaziland, Wendy Hleta.

Finalement, au terme  de quatre jours de polémiques, le gouvernement du Swaziland faisait redescendre la tension en démentant l’existence d’une loi condamnant le port de la mini-jupe.

 

 

 

L’affaire de la mini-jupe ne commence pas au Swaziland mais chez son voisin, le géant sud-africain, après que, en décembre 2011, deux jeunes filles ont été violentées, humiliées et menacées de viol par des hommes «choqués» par leurs mini-jupes.

Des centaines de Sud-africaines avaient alors défilé, vieilles, jeunes, jambes nues ou pas, dans les rues de Johannesburg, en réponse à l'attaque et aux critiques, toujours plus nombreuses qui leur reprochaient de tenter les violeurs. «Les mini-jupes sont là pour rester», scandaient-elles.

Aujourd’hui, après l’Afrique du Sud et le Swaziland, la Namibie voit déferler sa propre vague «anti mini-jupe». A nouveau, la police est à l’origine de la controverse, avec l’annonce par l’inspecteur Sebastian Ndeitunga le 20 février 2013 d’une interdiction totale des mini-jupes et de l’arrestation de toute récalcitrante. Une annonce qui, comme dans le cas du Swaziland, ne se base sur aucune loi.

 

 

 

Des jeunes filles vêtues de mini-jupes auraient déjà été arrêtées. Avec l’aval de leurs parents, précise la police. Les tenues «courtes et suggestives» vont à l’encontre de la culture africaine, se défend le représentant des forces de l'ordre. 

En Namibie comme au Swaziland, la police n’est pas censée faire la loi. Ou imposer son ordre moral sur la société ou sur le corps des femmes. Autant que l’histoire rocambolesque de l’interdiction de la mini-jupe, c’est aussi le comportement de la police qui doit être dénoncé. 

Lou Garçon

Lou Garçon

Journaliste française

Ses derniers articles: Nollywood Week, pour que Paris regarde le cinéma nigérian autrement  Le khat, la drogue somalienne qui fait planer les Anglais  Latifa, une Marianne née dans la douleur 

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