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Les Kuluna, ces gangsters qui sèment la terreur à Kinshasa
Un coup de poignard dans le dos pour une simple montre. C’est le genre d’agression dont se rendent régulièrement coupables les «kuluna», ces bandes de jeunes armés de Kinshasa, la capitale congolaise.
Limités autrefois aux quartiers périphériques, ces gangs débarquent en ville depuis plusieurs mois, et terrorisent les habitants. Jeune Afrique livre un grand reportage sur ce phénomène inquiétant.
«Pour un peu d’argent, un téléphone ou quelques bijoux, ils sortent un bâton, un couteau, parfois une machette», résume l’hebdomadaire panafricain.
Si ces groupes s’attaquent en priorité aux passants présentant des signes de richesse, ils ne s’arrêtent pas là. Des filles ont ainsi été agressées et violées parce que les Kuluna les jugeaient trop légèrement vêtues.
Chaque groupe a son territoire. Les gangs évitent coûte que coûte les zones tenues par des bandes rivales.
«Parfois, pour des broutilles et la bière aidant, ils se livrent à de véritables batailles rangées dans les rues de Kinshasa», explique Jeune Afrique.
Il y a, par exemple, la bande des Lions, dont les membres âgés entre 12 et 25 ans «revendiquent une hiérarchie quasi-militaire». Interrogé par Jeune Afrique, un jeune des Lions témoigne:
«Nous sommes aujourd'hui ce que nous sommes parce que l'Etat nous a abandonnés. Chaque jour qui passe, nous voyons les riches devenir plus riches et les pauvres devenir plus pauvres. Que faire lorsqu'on galère? Que faire lorsqu'on croise des gens qui se la coulent douce?»
Bien qu’on les confonde avec les «shegués», les Kuluna ont, au contraire de ceux-ci, un toit, une famille et un quartier. Ils s’abstiennent donc d’attaquer les habitants de leur «secteur» afin de limiter les risques d'arrestation.
Dépassé par l’ampleur du phénomène, le gouvernement congolais a décidé de créer une brigade anti-Kuluna.
«Cette brigade, aussi spéciale soit-elle, pourra-t-elle réussir là où les 522 sous-commissariats et 324 postes de police de Kinshasa ont échoué? Rien n'est moins sûr», s’interroge Jeune Afrique.
Lu sur Jeune Afrique
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