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Ces jeunes Sierra-Léonais qui se droguent au thé de baobab

La Sierra Leone ne manque pas de substances addictives sur son territoire. Comme d’autres nations ouest-africaines, le pays sert, en effet, de zone-tampon pour les cartels de la drogue sud-américains cherchant à atteindre le marché européen.

Chez les jeunes Sierra-Leonais, en revanche, c’est un autre type d’addiction qui prévaut: la consommation de thé de baobab, ou «ataya», une boisson si chargée en caféine que le site sierraleone365 en parle comme d’un «thé aux stéroïdes».

On le trouve à tous les coins de rue, et on se rafraîchit à sa source aussi souvent que possible. Une consommation effrénée qui n’est pas sans conséquences sur la santé, s’alarme le psychiatre Edward Nahim.

Interrogé par The Economist, Nahim avoue être confronté à de nombreux patients souffrant de troubles de la personnalité causés par leur consommation de thé.

Le propriétaire d’un magasin de thé à Freetown confirme les dires du médecin:

«Certains consomment huit ou dix tasses de thé par jour. Ceux-là doivent boire de l’ataya dès qu’ils vont quelque part. S’ils n’en ont pas consommé depuis un moment, ils doivent absolument en trouver».

Pour Nahim, les gros consommateurs de thé dans le pays sont les jeunes sans emploi:

«C’est le chômage qui les mène à abuser des drogues, et pas seulement de l’ataya. Ils s’ennuient et doivent trouver un moyen de faire passer le temps.»

Les performances économiques de la Sierra Leone depuis la fin de la guerre civile sont pourtant citées en exemple. Mais les revenues liés à l'extraction des minéraux ne sont clairement pas convertis en emplois. Les jeunes Sierra-Léonais continuent donc d'attendre leur heure, assis devant une tasse de thé bien chaude.

Lu sur sierraleone365 et The Economist

 

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