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Ces pays africains complices de tortures pratiquées par la CIA
Après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, la CIA (Central Intelligence Agency) a lancé un programme d’arrestation et de détention secrète de personnes présumées d'actes de terrorisme. Un secret de Polichinelle.
Comme le montre le dernier film de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty, ce programme a été conçu pour arrêter, détenir, torturer tous les individus soupçonnés d’être liés à la nébuleuse djihadiste al-Qaida et à son chef d’alors, Oussama Ben Laden.
Les agents de la CIA et les gouvernements étrangers ont collaboré pour mettre sur pied ces interrogatoires, où l’usage de la torture était d’usage pour faire parler les prisonniers.
Un récent rapport, établi par une association humanitaire américaine, l'Open Society Justice Initiative, et intitulé «De la mondialisation de la torture», énumère les différentes types de tortures utilisés par les agents de la CIA, le nom des prisonniers victimes de tortures depuis les attentats du 11-Septembre et les pays qui ont collaboré avec la CIA.
Graphique réalisé par le Canadian International Council
Car pour les auteurs du rapport, si la responsabilité première des violations relève des Etats-Unis, les pays qui ont participé ou assisté à ces opérations d’enlèvement, d’emprisonnement secret et de torture sont tout autant fautifs.
«Au moins 54 gouvernements étrangers ont participé aux opérations et doivent être tenus pour responsables de ces violations», lit-on dans le rapport.
Parmi les gouvernements cités, nous relevons douze pays africains: Algérie, Maroc, Libye, Afrique du Sud, Djibouti, Malawi, Mauritanie, Somalie, Zimbabwe, Kenya, Ethiopie et Egypte.
D’après le rapport, l'Algérie, par exemple, a permis l'utilisation de son espace aérien et des aéroports pour les opérations de restitution extraordinaire de la CIA. En janvier 2004, le pays avait maintenu en détention Jamaldi Boudra, un militant algérien qui aurait sympathisé avec la cause tchétchène et qui avait déjà été détenu par la CIA.
Le rapport souligne aussi que l’Algérie aurait également détenu secrètement un ex-prisonnier de la CIA, Abou Bakr Muhammad Boulghiti (Abu Yassir al-Jaza'iri), jusqu'en juillet 2006 avant d’être transféré en Algérie. Le rapport note qu'aucune enquête n'a été ouverte au sujet de l'étroite collaboration entre Alger et la CIA .
Autre pays cité l’Egypte, partenaire historique des Etats-Unis dans la région. Le rapport rappelle que sous Hosni Moubarak, le pays avait arrêté, torturé, abusé de nombreuses personnes soupçonnées d’être liées à al-Qaida.
L’Egypte serait même le pays où les Etats-Unis auraient envoyé le plus de suspects.
«En 2005, le Premier ministre égyptien avait reconnu que depuis 2001, les Etats-Unis avaient transféré 60 à 70 personnes à dans le cadre de la guerre contre le terrorisme», poursuit le rapport.
Plus de 10 ans après le 11 septembre 2001, les auteurs du rapport regrettent l’impunité manifeste dont bénéficient les gouvernements responsables ou complices de la pratique de la torture. Si des enquêtes ont été ouvertes, celles-ci n’ont pas abouti à des condamnations. Sauf en Italie.
Lu sur Open Society Justice Initiative
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