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Algérie: l'effroyable tragédie du FLN
Comment l'ex-parti unique en Algérie s'est laissé entraîner dans l'engrenage d'une paresse intellectuelle et d'une lutte d'intérêts et de clans.
C'est l'histoire d'un jeune homme carré comme un fromage, tout frais sorti moulé de l'indépendance, qui entre au FLN (Front de libération nationale) par la grande porte, c'est-à-dire celle de derrière.
Les premiers jours, il se fait discret, débarrasse les tables et les dessous de table tout en soutenant les options du régime, surtout les pires. Il est convaincu que Ben Bella (premier président de l'Algérie indépendante) a raison, même quand il a tort, jusqu'en 1965.
Le premier coup d'Etat passe normalement, il est certain que Houari Boumediène (président de 1965 à 1978) et Abdelaziz Bouteflika ont eu raison.
Les révolutions agraire, industrielle et culturelle se suivent et se ressemblent, lui-même commençant à se ressembler, en adoptant silencieusement toutes les décisions bruyantes de la Centrale.
Le départ des derniers résistants
Quelques redressements et complots plus tard, Boumediène finit par mourir dans son burnous. Bouteflika est jugé pour détournement par la cour des comptes, mais lui est certain que Chadli Bendjedid (autre ancien président algérien, décédé le 6 octobre 2012) et Mohamed Chérif Messaâdia (ex-président du conseil de la nation) ont raison.
Chadli part, il est d'accord; Boudiaf meurt mais lui est en congé, Zeroual passe et démissionne mais il est en train de manger et n'a rien entendu. Puis on redresse, on dresse, on transgresse et stresse mais, lui, soutient, avalise, appuie Mehri puis son redresseur, puis le redresseur de ce dernier en toute logique, un tour de vis suivi d'un autre dans l'autre sens ne changeant rien au final.
Tout et le contraire de tout
D'ailleurs, quand Bouteflika revient au pouvoir en 1999, il est convaincu que le régime a bien fait de lui faire confiance. Il soutient Abdelaziz Belkhadem (ex-secrétaire général du FLN), puis le redressement contre Belkhadem, convaincu aussi qu'il faut rester propre et changer régulièrement de chemise comme d'avis.
A 70 ans, c'est un homme accompli, rond comme une image, qui attend le prochain redressement comme sa nouvelle voiture, a ce qu'il veut, fait ce qu'il peut et sait ce qu'il veut.
Il soutient une chose et son contraire mais défie quiconque de lui prouver qu'il a tort ou raison. Mieux, il soutient qu'il peut même soutenir le contraire.
Chawki Amari (El Watan)
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