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Mali: Non, Hollande n'est pas (vraiment) Superman
L'enthousiasme suscité par la visite de François Hollande semble ne pas tarir. Pourtant, si le président français a été érigé en héros, quelques réserves se font déjà entendre.
«Le héros», «l’icône du libérateur», «le 334e saint»... En Afrique de l’Ouest, les médias ont salué avec force louanges la visite du président français à Tombouctou, le 2 février.
Le quotidien malien L’Essor titre ainsi:
«Une visite historique dans une ville historique» et n’hésite pas à qualifier le locataire de l’Elysée «d’icône de la liberté retrouvée».
Sous le charme, le journal se réjouit également du geste de François Hollande, qui a déposé une gerbe de fleurs au pied du monument de l’indépendance, «une première pour un président français».
Dans la Côte d’Ivoire voisine, L’Intelligent d’Abidjan est sur la même longueur d’onde:
«Frénésie, chants, danses et ovations enivrantes ont rythmé l’accueil délirant réservé à François Hollande à l’occasion de sa brève tournée au Mali. Scandant “Vive la France” et arborant des drapeaux tricolores, de nombreux Maliens sont venus remercier le chef de l’Etat.»
En effet, les images que l'on a pu voir l'ont confirmé. Sur la place centrale de Tombouctou, une foule de deux à trois mille personnes était rassemblée pour fêter la venue de François Hollande et dire «merci» à la France.
«La foule danse au son des tam-tams, qui étaient interdits lors de l’occupation de la ville par les groupes islamistes», rapporte Le Journal du Mali.
Mais contrairement aux autres médias, Le Journal du Mali n’emploie pas une seule fois les mots «héros» ou «libérateur».
Tout l’inverse du Républicain, autre titre de Bamako, qui tresse une large couronne de louanges au président français:
«Jamais un président français n'a autant suscité de liesse et d'enthousiasme dans un pays du pré carré francophone.»
«Un sans-faute» ?
La relation entre François Hollande et Dioncounda Traoré, le président par intérim malien, est également au centre des attentions des médias d’Afrique de l’Ouest.
«Ensemble, marchant côte à côte, comme pour réaffirmer l’amitié des deux peuples (…) François Hollande et Dioncounda Traoré se sont offert un bain de foule d’une trentaine de minutes avant d’aller s’adresser aux soldats stationnés à l’aéroport», écrit Le Journal du Mali.
Le site ivoirien Koaci.com est dans la même veine en constatant que «François Hollande a reçu un accueil chaleureux (...) à Tombouctou, au nord du Mali, où il a été, au-delà de la liesse, accueilli dès son arrivée par le président de la transition».
Si une note devait être attribuée à François Hollande, le quotidien burkinabè Le Pays lui attribuerait sans doute un 10/10.
«A Tombouctou, Hollande a fait un sans-faute. Il a su trouver les mots justes pour saluer le courage, la détermination des soldats français, et la fierté que tire le peuple français de son armée victorieuse face aux djihadistes.»
Et pour Le Pays, le discours de Hollande à Tombouctou lève toute équivoque sur la présence de la France au Mali.
«Sa visite d’une des principales mosquées de la cité des saints permet de lever toute équivoque sur les finalités de l’opération Serval: au Mali, la France ne mène pas une guerre contre la religion musulmane. Hollande, en prônant un Islam tolérant, ouvert au Mali, n’ignore pas que la France se trouve elle-même confrontée à la montée de l’intégrisme islamique porté par des jeunes issus majoritairement des immigrations maghrébine et africaine.»
Des snipers sur les toits
De son côté, Le Journal du Mali met en avant la coopération entre les deux armées.
«Les présidents français et malien ont d’abord rendu visite aux forces françaises de l’opération Serval (…) Les soldats de l’armée malienne n’étaient pas loin. Sur le théâtre des opérations, point de différence de couleur ou d’origine, tous sont frères d’armes.»
Un dispositif de sécurité exceptionnel a aussi été mis en place pour accueillir le chef d’Etat.
«Les services de sécurité français ont mis le paquet. Les hélicoptères ne cessaient de tourner en rond, les tireurs d’élite étaient positionnés sur tous les bâtiments stratégiques de la ville. La visité a été encadrée aussi par des blindés lourdement armés», décrit L’Essor
En tout cas, l’heure semble encore aux réjouissances dans la presse malienne notamment dans Le Républicain.
«Avec ses 2.000 hommes, ses blindés et son aviation qui ont fait fuir les djihadistes de Konna, Douentza, Tombouctou et Gao, Hollande a soldé les comptes entre la France et le Mali, voire l’Afrique», s’extasie le quotidien dirigé par Tiébilé Dramé, leader du Parti pour la renaissance nationale.
Camille Belsoeur
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