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Lors de la prise de Tombouctou, les Maliens du sud regardaient la CAN
La guerre qui fait rage dans le Nord-Mali entre les troupes franco-maliennes et les groupes islamistes armés intéresse-t-elle les Maliens du sud?
À en croire le quotidien américain New Republic, pas vraiment. Au cours d'un reportage dans la ville de Djenné, l'un des reporters du journal rapporte que lors de la prise de Tombouctou dans la soirée du 28 janvier, les habitants de la ville, qui se situe au centre du pays au sud-est de Mopti, regardaient la rencontre Mali-RD Congo comptant pour la Coupe d'Afrique des nations.
Après avoir installé un poste de télé sur la place de la grande mosquée, avec des sièges pour s'asseoir, «ils n'étaient pas en train de regarder les nouvelles de la ligne de front. Ils regardaient du football. Il y avait un match de la CAN cette nuit là, le Mali affrontait le Cameroun (sic)».
Si le journaliste américain ne maîtrise pas le calendrier de la CAN sur le bout des doigts (il confond le Cameroun et la RDC), il décrit un sentiment général dans le sud du pays: la population n'y est pas grandement préoccupée par la guerre.
«Il n'y a pas de sentiment que le pays est en guerre ici», lui confie d'ailleurs Moussa Djiré, un sociologue de Bamako.
«Je ne souhaite pas qu'il y est de psychose, mais c'est tout de même important pour les gens de sentir que le pays est en guerre, d'en avoir conscience.»
Quelles explications à cela? Selon New Republic, les rares images de la guerre —les journalistes et photographes sont cantonnés loin de la ligne de front par les autorités et les troupes françaises — est l'une des explications. L'autre étant que les Maliens sont lassés par des mois d'instabilité politique faits de coups d'Etat et de contre-coup.
«Nous faisons cette guerre pour préserver quoi exactement? Quel gouvernement, quel Etat?», interroge Naffet Keïta, un anthropologiste à l'université de Bamako spécialiste du mouvement Touareg.
Lu sur New Republic
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