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Mali - Pourquoi l'armée française doit revoir ses objectifs stratégiques (VIDEO)

Le ministère de la Défense français devait fixer dès février 2013 les
objectifs stratégiques de l'armée française dans un Livre blanc. Mais l’intervention au Mali change
la donne et l’initiative a été repoussée, rapporte France Culture.

Catherine Durandin, qui vient de publier le «Déclin de
l'armée française», et Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions
militaires chez l'hebdomadaire Marianne et auteur du blog Secret Défense, en ont débattu le 29 janvier, dans le contexte de l’affaire
malienne.

Pour Catherine Durandin, l'armée française n’a pas suffisament de moyens pour intervenir au Mali.  Si la tradition militaire a gardé toutes ses
valeurs, l’armée en revanche, subit un «déclin
budgétaire
», auquel s'ajoutent «une déflation des effectifs et un vieillissement du matériel.»Il est donc tout à
son honneur, selon elle, «d'être capable de
travailler avec ce qu'elle a et malgré une certaine dépendance au soutien
américain, notamment pour le transport ou pour les drones armés qui nous font
défaut

Pour Jean-Dominique Merchet, le coût de l’Opération Serval, environ
30 millions d’euros, reste un «budget
raisonnable
» en proportion des 100 millions d’euros de budget annuel
alloué à la Défense française.

Mais dans une période marquée par la crise, l’effort reste
exceptionnel. Et la France, malgré le soutien logistique des Etats-Unis, reste très isolée. Catherine Durandin se dit d’ailleurs «atlantiste, à défaut d’Europe».Si pour beaucoup de
gens, l’Europe de la défense est «synonyme
d’impuissance
», cela ne justifie pas, selon Jean-Dominique Merchet, que l’Allemagne se retranche
derrière un prétexte «insensé» pour refuser à la France l’envoi d’avions
ravitailleurs, à savoir, l'absence de certification pour ces avions.

Comme d’autres interventions avant elle, celle au Mali témoigne de
l’émergence d’une nouvelle forme de guerre, explique le journaliste.  «Avant
on faisait la guerre contre un ennemi, qu’on respectait (…) On considérait qu’on
pouvait négocier et faire la paix avec lui.
» Une logique politique a cédé
la place à une logique policière, contre-insurrectionnelle. «On
criminalise l’ennemi
». Pas de négociation possible, mais un ticket
pour la Cour Pénale Internationale. Mais que fait-on de la réconciliation?A lire aussiL'aventure ambiguë de la France au MaliMali - L'armée française entre dans la dernière ville occupée par les islamistesMali - Les lacunes de l'armée française au grand jourMali - L'armée française veut-elle la tête du soldat français masqué?Pourquoi l'intervention au Mali risque d'échouer