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Mali - L'heure des règlements de comptes a sonné à Tombouctou

A Tombouctou, c’est désormais la chasse aux Arabes et Touaregs, considérés comme des alliés des groupes islamistes. 72 heures après la libération de la cité aux 333 saints, les habitants ont décidé de prendre leur revanche sur les islamistes.

L’heure des comptes semble avoir sonné. Des centaines d’habitants de la mythique cité du nord du Mali ont pillé le 29 janvier des magasins appartenant selon eux à «des Arabes», accusés d’être «des terroristes» alliés aux islamistes armés qui ont récemment fui la ville, informe Maliactu.

C’est dans le quartier d’Abaradjou, que les esprits ont commencé à s’échauffer. Des centaines de Maliens, hommes et femmes souvent jeunes, armés de bâtons, ont pris d’assaut une ancienne banque que les islamistes ont transformé en «Centre de recommandation du convenable et interdiction du blâmable».

Maliactu explique qu’un «barbu d’une quarantaine d’années qui y logeait est sorti du bâtiment par la foule hystérique qui pille tout, jusqu’à la moindre chaise, aux cris de: Il faut le tuer!, cest un islamiste!, c’est un terroriste!».

Arrêté par les soldats maliens, l’homme est conduit dans les pick-up de l’armée pour lui éviter un lynchage.  

Les pillages ne cessent pas pour autant, aiguillonnés par la colère. La population a décidé de se faire justice elle-même après dix mois de charia. Elle promet de battre à mort tous les islamistes qu’ils trouveront. Et les magasins sont également vidés.

«Ces gens (les propriétaires des boutiques) sont les vrais terroristes, (…) si on trouve des Arabes, on va les mettre à disposition des autorités. Maintenant, c’est vrai que s’il n’y a pas d’autorités, on va passer à l’exécution», promet un jeune Tombouctien.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé le 28 janvier aux autorités maliennes de prendre «des mesures immédiates» pour «protéger tous les Maliens de représailles», évoquant «des risques élevés de tensions inter-ethniques» dans le Nord, où la rivalité est forte entre Arabes et Touaregs la plupart du temps assimilées à des islamistes, et les Noirs, majoritaires au Mali.

Lu sur Maliactu 

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