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Les juifs d'Afrique du Sud s'interrogent sur leur rôle durant l'apartheid

Certains juifs d’Afrique du Sud ont été emprisonnés pour leur combat contre l'apartheid —d’autres se sont exilés.

Mais une grande majorité d'entre eux, les leaders notamment, sont restés silencieux, sans s'opposer au régime raciste en place, malgré même les tendances antisémites de celui-ci.

Le quotidien israélien Haaretz s’est intéressé aux communautés juives sud-africaines d’Australie —celles qui s’opposèrent à l’apartheid en quittant l’Afrique du Sud dès la fin des années 1970 mais aussi celles qui, en revanche, partirent bien plus tard.

Le rabbin Lampert est de ceux qui luttèrent contre l'apartheid. Il distribuait notamment des pamphlets anti-apartheid à sa congrégation, ce qui lui valu d'être critiqué par sa communauté.

Le rabbin anti-apartheid s'exila vers l'Australie après avoir été victime d’une descente de la police sur sa maison.

Ingrid Shakenovsky vient quant à elle d’une famille qui ne quitta l’Afrique du Sud qu’en 1998. Elle confirme que les siens profitèrent du régime en place: «bien sur que l’apartheid nous a été bénéfique. Je ne peux pas dire le contraire».

«Le hic avec l’expérience juive en Afrique du Sud c’est que certains juifs ont été au cœur de la bataille contre l’apartheid, mais les leaders de la communauté n’ont en revanche eux rien fait pour combattre le régime raciste», commente Hareetz.

Selon le professeur et expert de la politique et histoire sud-africaine Colin Tatz, cité par le quotidien israélien, la tête du mouvement anti-apartheid a bien été constituée de juifs. Mais il n'en reste pas moins que l'idée «d’une masse de juifs se battant contre l’apartheid» est une illusion.

«La majorité des Sud-Africains juifs ont profité de l’apartheid: ils ont prospéré, ont voté pour le régime en place et ont condamné ceux de leurs enfants qui s’y opposaient», explique Colin Tadz.

La culpabilité de ne pas s'être opposé à l'apartheid continue donc de peser sur les consciences d'une partie des migrants juifs d'origine sud-africaine. En effet, pour ceux qui ont émigré durant les dernières années de l'apartheid ou juste après, argumente Haaretz, «l’apartheid est parti avec eux dans leur valise comme une tache indélébile». 

Lu sur Haaretz

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