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Pourquoi les Marocains ne se sentent pas Africains

À en croire les Marocains, leur pays ne serait pas rattaché à l’Afrique. Non pas que le détroit de Gibraltar se soit soudainement déplacé en séparant le Maroc du continent africain, mais simplement, de Fès à Agadir, les Marocains ne se sentent pas Africains écrit dans un éditorial l’hebdomadaire marocain Telquel, qui en avance les raisons.

Première piste de réflexion: l’esclavage. Pour Telquel, la société marocaine est prisonnière d’un schéma ancien où la couleur de peau joue un rôle important. Les blancs sont en haut de la pyramide, les noirs d'origine africaine en bas —dans un pays où le racisme est un problème de  société— et «les Maures» au milieu. Entre l’Europe et l’Afrique.

«Le mépris pour le continent noir, qui est sans limite, est si ancien qu’il a intégré jusqu’aux petites normes de la vie quotidienne. A la télévision, un commentateur chevronné peut confondre, en souriant, Zambie et Zimbabwe, ignorer que le Zaïre s’appelle depuis belle lurette RDC. Le sourire du gaffeur vient d’un double sentiment de puissance et d’impunité, et de l’inconséquence supposée de son erreur», théorise l’éditorialiste Karim Boukhari.

Seconde explication: l’arabisme. Pour une majorité de la population du pays de Mohammed VI, leur terre d’origine est l’Arabie. En toute logique. La conquête de l’islam n’a pas été simplement idéologique puisque des hommes sont venus d’Arabie pour s’installer en terres berbères.

«De cette invasion-domination est née une confusion que nous vivons encore de nos jours: le sentiment, voire la conviction, que nos “frères” n’habitent pas nos terres, notre continent, mais l’Arabie», affirme Telquel.

Même le football, sport universel, et plus particulièrement la Coupe d’Afrique des Nations, éloigne les Marocains de l’Afrique. C’est que les Aigles de l’Atlas n’ont pas remporté le prestigieux trophée depuis 37 ans, et leur élimination dela CAN le 27 janvier 2013 en phase de poule est un épisode de plus dans une série noire. Mais ce n’est pas que les Marocains soient inférieurs aux équipes «africaines». Non, ces défaites seraient la faute de la température, de l’arbitrage ou des vuvuzelas, ironise l'éditorialiste marocain.

Lu sur Telquel

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