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Mali - Faire la cuisine pour le Mujao, un job sans avenir
Peut-on cuisiner pour des djihadistes au Mali et tout ignorer de leur propre cuisine?
Voici la question que pose l’Express, après sa rencontre avec Adama, 16 ans, ancien cuisinier des islamistes armés du Mujao (Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest) lors de l'occupation de la ville de Douentza situiée près de la ligne de démarcation avec le Nord-Mali.
«Son histoire est peu plausible. Mais il serait surprenant (…) qu'Adama ait rejoint les rangs du Mujao par affinité idéologique», estime l’hebdomadaire.
En effet, Adama n’a pas le profil d’un fanatique en puissance: il cumule les petits jobs pour aider sa famille, certes musulmane, mais peu pratiquante. Originaire de d'Enngoudou, dans la région de Niono, Adama cherchait du travail un peu partout.
Décidé à trouver un emploi à Sévaré, il aurait pris «par erreur» un bus pour Douentza, dit-il. Une ville qui est aux mains des islamistes depuis le mois de septembre 2012, précise l’Express. Une fois là-bas, des membres du Mujao lui proposent du travail bien payé. L’adolescent accepte.
Pour le sergent Pascal Diawara, de la prison de Sévaré: «Quand on est engagé chez ces gens, on est engagé! Personne ne peut prétendre ignorer où il met les pieds quand il va à Douentza.»
C’est pourtant la version qu’Adama donne aux policiers, auxquels il s’est livré après avoir quitté Douentza. Ne parlant ni l’arabe, ni le tamashek (la langue touareg), il ignorait tout des intentions et de la stratégie du Mujao. Lui se contentait de préparer les repas, plaide-t-il.
Reste qu’aujourd’hui Adama est en prison, et comme il a déjà pu en faire l’expérience, la population ne cultive pas de la bienveillance à son égard.
Lu sur L'Express
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