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Egypte - Les (vraies) raisons de la colère
Port-Saïd meurtrie, mais pour quelles raisons? Le tribunal de Port-Saïd fut l’épicentre de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants le 26 janvier 2013. Le verdict du procès proclamé, les proches des 21 condamnés à morts ont crié leur tristesse et leur colère à l’encontre d’un jugement jugé sévère, injuste et purement politique.
Le 1er février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le club cairote d'Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. Plus de 70 personnes, dont neuf policiers, étaient jugées pour leur responsabilité présumée dans ces violences.
Mais qu’est ce qui a poussé les habitants de Port-Saïd à se révolter? Comment expliquer une explosion de violence aussi meurtrière? Dernier bilan: 32 morts et 300 blessés.
Pour le site d’information saoudien Al-Arabiya, il serait simpliste d’imputer ce bain de sang au seul verdict. Les tensions étaient déjà latentes depuis des années entre le Caire et la ville portuaire.
Port-Saïd, porte d’entrée sur le célèbre canal de Suez, a une forte identité. Le site saoudien rappelle que la ville fut le centre de la résistance égyptienne en 1956 et la cible d’attaques dans la guerre qui opposait l’Egypte à Israël en 1967.
Ville privilégiée par sa localisation et son histoire, Port-Saïd a le sentiment d'avoir été ensuite marginalisée, notamment après la présumée tentative d’assassinat contre Hosni Moubarak. L'assassin présumé était un pauvre homme qui voulait lui porter une lettre et non pas une arme, racontent des habitants de Port-Saïd.
Cette défiance à l’égard du Caire s’est également manifestée sur les terrains de foot. D’où la rivalité légendaire entre l’équipe al-Masry et al-Ahly.
Le drame de Port-Saïd en février 2012 a été la triste démonstration de cette opposition larvée.
«Les habitants de Port-Saïd ont souffert de l'injustice dans le passé et ils sentent qu'ils sont en train de payer pour un crime qu'ils n'ont pas commis», analyse Bashir Abdel Fattah, chercheur au Centre Al-Ahram pour les études politiques et stratégiques
«Les habitants de Port-Saïd ne s’opposent pas au fait de punir les vrais criminels. Mais pourquoi les responsables restent impunis? », confie Ahmed Awad, un résident de la ville.
Lu sur Al Arabiya
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