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La guerre au Nord-Mali n'a rien d'une croisade anti-musulman

L’islam des islmaistes radicaux n’est pas le vrai islam. Preuve par quatre: des dizaines d’oulémas de pays musulmans se sont réunis à Nouakchott en Mauritanie pour plancher sur le traitement des phénomènes de l'extrémisme, des excès et «des idéologies dépravées», rapporte l'édition francophone de l'agence de presse chinoise Xinhua.

Dans un contexte de guerre au Nord-Mali contre les djihadistes, cette rencontre qui s’est ouverte le 21 janvier tient à «redynamiser le rôle des oulémas contre l'effusion du sang et dans la diffusion des valeurs de paix».

Les oulémas venus d'Egypte, Liban, Algérie, Arabie Saoudite, Maroc, Libye, Turquie, Bénin, Burkina Faso, Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, France, Sénégal, Mali et Tchad ont voulu au cours de ce colloque apporter des réponses aux questions idéologiques contemporaines. Et les avis sont mitigés.

D’un côté, il y a ceux qui y voient le conflit armé comme une transgression puisqu'il «est mené par des non musulmans contre des musulmans». D'autre part, il y a ceux qui y voient une lutte contre la violence aveugle, terroriste, qui ne fait aucune distinction entre un musulman et un non-musulman.

Les partis politiques mauritaniens sont également divisés sur la question. Certains d’entre eux condamnent l’intervention de la France et mettent en garde contre tout engagement des forces mauritaniennes à la guerre.  

Et même plus de 30 personnalités, dont des oulémas, avaient déclaré le 16 janvier leur «opposition» à toute participation de la Mauritanie à l'offensive contre les islamistes armés dans le nord du Mali. Arguant du fait qu’il s’agit d’un choix conforme à la charia.

Mais, l’imam et président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko est sorti de son mutisme pour clore le débat. Dans une déclaration officielle, il a  accordé son soutien sans faille à l’opération Serval menée par la France, informe RFI le 23 janvier.  

«C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui a été abandonné par tous ces pays musulmans. Et nous parler aujourd’hui de croisade ou je ne sais quoi, c’est vraiment quelque chose que nous ne pouvons pas accepter, en tant que responsables musulmans du Mali ».

Pour le Haut conseil islamique du Mali, l’intervention militaire ne serait pas une croisade anti-islam, mais au contraire, une guerre destinée à libérer un pays à plus de 90 % musulman.

Lu sur Xinhua, RFI

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