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Mali - Cette guerre que nous ne saurions voir

Un avion français qui décolle de la base aérienne de Bamako, des soldats se reposant sur des matelas ou astiquant leurs armes... pour illustrer l’intervention française, les médias ont diffusé en boucle des images du conflit qui «ne sont que calme et sérénité», observe Le Monde.

Pourquoi? Parce qu’il n’y a rien d’autre à photographier. Les fils des agences de presse de l’AFP ou de Reuters ne contiennent pas de photographies du front. Le public français n’a pour le moment pas vu de «guerre» à proprement parler.

Il faut dire que photographes et cameramen n’ont pas le droit de se rendre au-delà de Ségou, à trois heures de route au nord est de Bamako, car les autorités maliennes l’ont interdit.

«Tout le monde est à Bamako et attend de pouvoir sortir, explique le service photo du Monde. En attendant, toutes les images sont les mêmes.»

Le photographe Sylvain Cherkaoui, présent sur place, affirme que même la base aérienne de Bamako est maintenant fermée aux journalistes. «Est-ce qu’i y a des choses à cacher?», s'interroge-t-il. 

Laurent Gervereau, le président de l’Institut des images et responsable du site Decryptimages analyse la position de l’Etat français en matière de communication:

«On sait qu'on peut gagner la guerre sur le terrain et la perdre sur le front des opinions publiques qui ne sont plus habituées à voir des morts en temps de paix. Les horreurs inhérentes à la guerre sont devenues quelque chose d'inadmissible.»

Le sémiologue François Jost livre quant à lui, sur le site du Nouvel Observateur, un décryptage bien différent. Il critique avant tout les journalistes «qui aimeraient un peu plus de sang et de combat» et reproche aux médias télévisuels d'être «motivés par l'idée sous-jacente... que ce qui n'est pas montré, ce que nous ne voyons pas, n'existe pas.» 

Lu sur Le Monde.frLe Nouvel Observateur

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