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Pourquoi la «petite bonne» du Maroc a tenté de se suicider
Qu’est-il réellement arrivé à la «petite bonne» au Maroc qui a tenté de mettre fin à ses jours? La jeune femme âgée de 19 ans qui s’est jetée du 5e étage d’un immeuble à Casablanca le 9 janvier.
N.N. est aujourd’hui à l’hôpital dans un sale état. Elle a sauté de la fenêtre de l’appartement où elle travaillait comme domestique. Ses jours sont hors de danger mais l’homme qui a tenté de la récupérer après sa chute a finalement succombé.
L’association Inseef de soutien aux mères célibataires et petites bonnes a retrouvé la trace de la «petite bonne» à l'hôpital. Omar el Kindi, le président de Inseef, s’est rendu à son chevet:
«[elle] compte plusieurs fractures aux bras, elle a du mal à voir parce que son visage et ses yeux sont tuméfiés. Elle a aussi un problème à l’épaule qui pourrait nécessiter une opération», rapporte Yabiladi.
En soins intensifs, elle raconte son calvaire quotidien et explique les raisons qui l'auraient poussé entre autres à commettre cet acte désespéré.
Une vie faite de misère et d'exploitation depuis son adolescence. Originaire d’un village de Taounate, au nord-est du Maroc, elle travaille depuis l’âge de 14 ans comme domestique dans plusieurs grandes villes du royaume. Mais en 2010, elle est victime d’un viol à Marrakech. Ses parents la rejettent et elle vogue de maison en maison, explique Yabiladi.
De mille manières elle a cherché à communiquer sa détresse. Mais il aura fallu qu’elle tente de se suicider, à deux reprises, pour qu’elle soit enfin entendue et écoutée.
C’est au mois de novembre 2012 qu’elle a été embauchée comme domestique dans une famille de médecins dans le quartier de Bourgogne à Casablanca. Visiblement, raconte Omar El Kindi, elle était plutôt bien traité par ses employeurs, qui lui rendent régulièrement visite à l’hôpital
La cause exacte de sa tentative de suicide n’est toujours pas connue, mais l’accumulation des sévices et des maltraitances qu’elle a subies suffisent à expliquer son geste.
Lu sur Yabiladi
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