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Pourquoi la France a eu raison d'intervenir au Mali
L’offensive française contre les positions islamistes a commencé le 10 janvier. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, voire des analyses claires. Gregory Mann, historien et professeur spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à l’université de Columbia à New York, s’est toutefois prêté à l’exercice sur le blog Africa is a Country.
De sa réflexion, il dégage trois points:
1/ L’attaque des forces islamistes a rendu l’intervention étrangère inévitable
«L'intervention était nécessaire. Le drame de l'offensive islamiste ne doit pas être sous-estimée, une attaque réussie sur Sevaré aurait signifié la perte de la seule piste d'atterrissage en mesure de traiter des avions-cargos, à l'exception de celle de Bamako», écrit l'universitaire.
Selon Gregory Mann, une avancée des combattants djihadistes sur Bamako aurait été un désastre, principalement sur le plan humain. Car l’ennemi est, selon lui, «redoutable». Les premières impressions des soldats français sur place confortent cette idée. Ils disent avoir été surpris par la sophistication des armes détenus par les combattants djihadistes.
L’offensive, à peine commencée, compte déjà des victimes françaises et maliennes. Un pilote français a été tué dans les premières heures de l’intervention, un autre est porté disparu. Et du côté des Maliens? Les officiels parlent déjà d’une dizaines de morts.
Si certains jugent cette offensive néo-coloniale, l’universitaire ne penche pas pour cette théorie. Il rappelle d’abord que la France est intervenue à la demande du président par intérim Dioncounda Traoré. Par ailleurs cette intervention est populaire. Pourquoi? Car une avancée des combattants sur Bamako auraient eu des répercussions néfastes pour tous les Maliens.
La force de frappe des combattants djihadistes appelait à une réponse rapide. C’est la France qui a répondu la première. Ce qui vaut à François Hollande une popularité comparable à celle de Barack Obama, raconte Gregory Mann.
2/ Changement de dynamique à Bamako
A Bamako, les répercussions de l’intervention française se font déjà sentir. Les pourfendeurs d’une intervention étrangère se voient contraint d’applaudir l’arrivée des troupes françaises. Un aveu d’échec pour le capitaine Sanogo, leader du putsch contre le président ATT le 22 mars 2012.
En revanche, le président Traoré se voit renforcer par l’arrivée de troupes françaises à Bamako et le dénouement de la crise. Il a eu assez de pouvoir pour demander l’aide de la France et la recevoir, écrit l’universitaire.
«Cependant Bamako reste mal à l'aise, et l'"union sacrée" de ces derniers jours ne peut être que temporaire», nuance l’universitaire.
3/ La nécessité d’un effort de médiation
Le dernier point évoqué par le chercheur est la nécessité d’une médiation diplomatique africaine. Tout ne se réglera pas par la force des armes.
Gregory Mann regrette que ces médiations aient été jusque-là pilotées depuis Ouagadougou par le président Blaise Compaoré. Ses intérêts ne sont pas forcément ceux du Mali, laisse entendre le chercheur.
Au final, l’intervention militaire de la France signifie également l’échec de cette médiation burkinabé, et même celle menée à l’ONU. D’autres médiateurs africains doivent émergés. Reste à savoir lesquels.
Lu sur Africa is a Country
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