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François Hollande parle avec des associations maliennes à l'Elysée, 13 janvier 2013, Paris. REUTERS/Philippe Wojazer
François Hollande parle avec des associations maliennes à l'Elysée, 13 janvier 2013, Paris. REUTERS/Philippe Wojazer

Hollande le Malien entre (enfin) en guerre

Après plus de 9 mois de statu quo, l'armée malienne et ses alliés entrent en guerre contre les islamistes. La presse ouest-africaine salue l'intervention lancée par le président français.

«Enfin» la guerre. Jamais une guerre n’avait été aussi attendue et le quotidien burkinabé l’observateur Paalga se réjouit. L’intervention des troupes françaises au nord-Mali met fin au statu quo qui primait jusqu’alors dans le règlement de la crise malienne.

«Depuis le déclenchement par le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad ndlr) des hostilités le 17 janvier 2012, que de rencontres sur le Mali, que de conciliabules, que de discussions sans lendemain, que de fuites en avant avec cette désagréable impression de tourner en rond! Désormais, la situation au Mali a au moins le mérite d’être claire. A la guerre comme à la guerre. Enfin! Finies les sempiternelles négociations», poursuit l’Observateur Paalga. 

Pour le quotidien burkinabé, la tragédie malienne n’aura que trop duré. En revanche personne ne sait véritablement en combien d’actes la pièce sera jouée.

La fin d'une longue attente

Voici le résumé de la pièce en cours d'écriture:

Acte 1: la menace d’une avancée des djihadistes vers le sud après la prise de Konna le jeudi 10 janvier 2013. Le président par intérim Dioncounda Traoré demande l’aide militaire de la France et de l’ONU.

Acte 2: l’intervention militaire de la France au Mali le vendredi 11 janvier. Un nom de code: «Serval».

Acte 3:  le recul des djihadistes et le déploiement des armées africaines.   

...

La fin de la pièce n’est certes pas connue, mais les Maliens l’ont échappé belle. C’est le sentiment relayé par une partie de la presse africaine ce 14 janvier. Aussi soudaine soit-elle, la décision de François Hollande d’intervenir au Mali a permis d'éviter le pire, la prise de Mopti et pourquoi pas celle de Bamako.

Pour Sud Quotidien du Sénégal, l'intervention française rompt avec le silence et l’inaction des Africains.

Aujourd'hui, «Nous sommes tous des Maliens», titre le journal basé à Dakar.

«Nous sommes tous des Maliens»

L’envoi des troupes françaises donne en quelque sorte le signal de départ que tout le monde attendait. Par solidarité avec la France ou par solidarité avec le Mali. La réponse est certainement à mi-chemin. 

«Les premières troupes de la Cédéao vont incessamment débarquer au Mali pour venir en appui aux forces françaises qui, en intervenant depuis vendredi dernier aux côtés des forces maliennes, ont réussi à contenir et à chasser les troupes djihadistes qui s’étaient emparé de Konna», explique Sud Quotidien

«D’habitude si prompts à exhiber une fierté opposable à une arrogance supposée de l’occident, les Africains, toutes couches et obédiences confondues; société civile, partis politiques, monde des affaires, n’ont engagé aucune mobilisation particulière face à ce qui se passait au Mali ces neuf derniers mois. (…) Or Ce que l’on attend surtout de l’Afrique et des Africains, c’est qu’ils prennent leur destin et leurs responsabilités en main», poursuit le journal.

«Le Sénégal est entré en guerre», surenchérit son confrère Le Quotidien. Une guerre vécue comme «juste» et «opportune», car les islamistes ne menaçaient pas seulement le Mali mais bien toute la sous-région de l’Ouest.  

Et la France de François Hollande l’a bien compris, ce qui vaut à son président les louanges d’une partie de la presse malienne.

«Hollande le Malien», titre le quotidien malien Le Républicain.

La France était jusqu'alors jugée à l’aune de ses complaisantes relations avec le mouvement de libération de l’Azawad (MNLA). La voilà maintenant jugée sur sa rapidité d’action au nord Mali. 

«L’important, c’est le soulagement des populations de Mopti qui s’apprêtaient à abandonner leurs foyers la mort dans l’âme, l’espoir que la leçon de Konna soulève dans les autres zones occupées, le coup d’arrêt porté à la progression d’un récusable projet de réislamisation. Depuis jeudi donc,  dans nos chaumières comme dans nos palais, le sauveur du Mali s’appelle François Hollande», écrit l’éditorialiste du Républicain.

L’éditorialiste ne tombe toutefois pas dans l’angélisme. Hollande a agi car la prise de Konna signait un début de descente aux enfers pour toute la région et même pour l’Europe.  

Les troupes africaines prêtes à entrer en guerre

Après l’intervention des troupes françaises, ce sont les islamistes du nord qui doivent s’attendre à vivre une déconfiture.

«Sale temps pour les islamistes du nord du Mali: l’armée malienne et ses alliés vers la grande offensive», titre le journal malien Le Prétoire.

La mobilisation de l’armée malienne ne fait plus de doute. Les soldats maliens et français entonnent en chœur le même hymne, celui qui appelle à vaincre les combattants islamistes au nord-Mali.

«Dans quelle durée et comment le monde sera-t-il en mesure de chasser les islamistes? Personne ne peut répondre à cette question. Le Mali et la France ont sonné la mobilisation générale avec l’offensive sur la ville de Konna.»

La France n’est pas seule. Le Prétoire rappelle qu’un soutien militaire des pays africains de la Cédéao est imminent. Le Sénégal, le Nigeria, le Burkina Faso s’affairent pour envoyer leurs troupes dans les plus brefs délais. Il en va de la légitimité de cette opération militaire contre les islamistes.

Nadéra Bouazza

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Nadéra Bouazza. Journaliste à Slate Afrique

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