mis à jour le
Centrafrique - Accord mort-né entre le pouvoir et les rebelles
Il y a eu plus de peur que de mal. La guerre tant redoutée en Centrafrique n’a finalement pas eu lieu.
Les pourparlers qui se sont tenus à Libreville le 11 janvier ont débouché sur des accords de paix entre le gouvernement de François Bozizé et les rebelles de la coalition du Séléka.
Suite à ces accords, le président François Bozizé a démis de ses fonctions son Premier ministre Faustin Archange Touadéra. Le nouveau chef de gouvernement devra être issu de l’opposition et devra conduire le pays vers une transition démocratique, note l’Agence Ecofin.
Conformément aux décisions qui ont été prises, le président Bozizé ne sera pas habilité à limoger ce nouveau Premier ministre, qui, tout comme le chef de l'Etat centrafricain, ne sera pas autorisé à se présenter à la présidentielle de 2016.
Mais ces accords de Libreville sont loin de faire l’unanimité. Le blog Afrikarabia hébergé sur le site de Courrier international parle de «l’accord qui fâche tout le monde…ou presque». Le site de l'hebdomadaire explique que Michel Diotodia, le chef de la délégation des rebelles aurait signé «un peu vite» et surtout sans l’accord des chefs militaires.
Les commandants de la rébellion jugeraient le texte «inapplicable», car ils jugent que l’accord fait la part belle à l’opposition.
L'accord prévoit également «le retrait de toutes les forces militaires étrangères du pays» à l'exception des Forces africaines de la FOMAC.
Dans l’entourage du président Bozizé, on l’accuse d'avoir sauvé son poste au détriment de son gouvernement et d’avoir «tout donné».
Du côté des rebelles, le Séléka est dans tous ses états, car elle sort grande perdante du texte de Libreville. La rébellion espérait au moins la primature et une reconnaissance des grades militaires pour les rebelles. Mais rien de tout cela.
Afrikarabia interroge un membre de la Séléka, qui quelque peu déboussolé a affirmé que «ces accords n'engagent pas les chefs militaires du mouvement… Ils sont tout simplement inapplicables». Et estime que «l’opposition qui n’avait rien fait» a «gagné au loto».
Certains observateurs craignent même l'implosion du Séléka. Une composante de la rébellion a ouvertement critiqué l'accord de Libreville. Dans un communiqué rédigé à Bimbo, le 12 janvier, l'A2R estime que:
«Le rendez-vous de Libreville n’aura été qu’un bal macabre de fossoyeurs car les questions de fonds n’auront pas été abordées et tranchées.»
Et de conclure:
«L’accord politique de Libreville est mort-né».
Lu sur Agence Ecofin, Courrier International
A lire aussi
La Centrafrique, un vrai casse-tête pour la France
La Centrafrique va-t-elle un jour vivre en paix?
Tribune: Comment sortir la Centrafrique du chaos