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Egypte - Le prédicateur salafiste qui demande une police des mœurs
Flanqué d’une barbe poivre et sel, le prédicateur salafiste égyptien Hisham el Ashry est allé trop loin.
Ce n’est pas le premier, ni le dernier prédicateur à faire preuve d’extrémisme et d’intolérance en Egypte.
«On m'a demandé: si j’étais au pouvoir, aurais-je laissé les femmes chrétiennes dévoilées? Et j'ai répondu: si elles veulent se faire violer dans les rues, alors elles peuvent [rester dévoilées ndlr]», a déclaré Hisham el Ashry sur la chaîne de télévision Nahar.
Hisham el Ashry s'est également exprimé sur l’introduction d’une police des mœurs qui veillerait à l’application de la loi islamique, rapporte l'agence de presse Reuters.
Selon lui, si l’Egypte veut devenir «pleinement islamique», «l'alcool doit être interdit et toutes les femmes couvertes.»
En Egypte, musulmans modérés et chrétiens craignent que des salafistes aux propos aussi extrêmes prennent une place importante dans les mois à venir. Notamment dans les urnes lors des prochaines élections législatives prévues en avril 2013.
«Regardez cet homme fou! Où pensez-vous que nous vivons! Dans une jungle?», s’écrit Mona Ahmed, 65 ans, devant son téléviseur.
Musulmane voilée, Mona n'en reste pas moins consternée. Elle n’arrive pas à contenir son exaspération devant ses enfants.
«Réveille-toi, mon gars, on est en Egypte là, pas en Arabie Saoudite!», a-t-elle ajouté.
Du côté des officiels religieux, on a rapidement désavoué les paroles du prédicateur jugées «idiotes».
Le Grand Mufti Ali Gomaa a rappelé, par voie de communiqué, que tout type de police intrusive n’avait jamais été envisagé par les savants de l’islam sunnite en Egypte.
«Le cas de la promotion de la vertu et la prévention du vice relève de la compétence des autorités et non des individus ou des groupes», a déclaré Mahmoud Ghozlan, le porte-parole des Frères musulmans.
Même si le président islamiste Mohammed Morsi s’est défendu à plusieurs reprises de vouloir imposer des codes islamiques, il s’est récemment empressé de faire adopter par référendum en décembre 2012 une Constitution qui contient davantage de références islamiques que la précédente.
«Tant que de telles actions ne sont pas sérieusement condamné par les autorités dans des discours publics, les radicaux auront la liberté d’agir librement», a déclaré l'activiste des droits de l'homme Gamal Eid.
Lu sur Reuters
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