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Egyptien et athée, et alors?
L'athéisme est-il un phénomène générationnel en Egypte? C'est une question que se pose l'éditorialiste Rana Allam dans les colonnes du site d’information Daily News Egypt.
L’Egypte n’est pourtant pas le premier pays auquel on penserait pour parler «d’athéisme». La vie quotidienne des Egyptiens est régie par la religion dominante, l’islam sunnite.
Le vendredi, jour de prière, des millions d’Egyptiens se rendent à la mosquée pour suivre le prêche du cheikh. Même les moins pratiquants ne dérogent pas à ce rendez-vous hebdomadaire.
Et pourtant… Rana Allam décèle les prémices d’une progression de l’athéisme parmi les jeunes générations. Un constat qu'elle a même fait dans son entourage proche.
Elle raconte le cas d’un jeune homme de 17 ans qui refuse d’aller à la mosquée, car les propos de l’imam vont à l’encontre de son idéologie politique et le conforte dans son athéisme.
La journaliste du Daily News Egypt cite le cas d’un autre enfant de 13 ans qui ne supporte plus d’écouter les propos calomnieux de l’imam à l’encontre des femmes non-voilées.
«Nous envoyons nos enfants dans des écoles internationales qui donnent la pire éducation arabe et religieuse possible (…) Nous sommes des gens qui croient au paradis et à l'enfer, à la récompense et à la punition...», confie Rana Allam.
Ainsi, quand son fils de 12 ans s'est détourné de la religion, l'éditorialiste dit avoir été véritablement choquée. Elle sentait que son fils n’avait plus de respect pour les cheikhs, mais ne pouvait pas non plus défendre bec et ongles leurs paroles souvent conservatrices.
«Nous sommes maintenant tous tiraillés entre la réalité de notre religion, et le message véhiculé par la bande de barbus [Frères musulmans et salafistes ndlr]. Que sommes-nous censés dire à nos enfants? Aller à la mosquée, ou ne pas y aller?»
Son témoignage nous renvoie à ceux de blogueurs égyptiens qui ont assumé leur athéisme sur la place publique, ce qui leur a valu un passage par la case prison: Albert Saber, Maikel Sanad.
Outre leur athéisme, les deux blogueurs ont vivement critiqué le régime militaire et les islamistes au pouvoir.
«Les religions ne sont que des collections de croyances qui ne peuvent pas être prouvées. Je n’arrive toujours pas à croire qu’au XXIe siècle des gens aillent en prison parce qu’ils ne croient pas qu’un homme ait marché sur l’eau, qu’une Vierge ait donné naissance à un enfant, ou qu’un homme ait volé dans le ciel sur un âne. Tolérer cette nouvelle inquisition, c’est un retour de notre monde au Moyen-Age, ce qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour nos vies», écrivait Maikel Nabil Sanad dans une tribune publiée sur le site du magazine américain Foreign Policy.
Lu sur Daily News Egypt
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