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Le Swaziland, le pays des femmes intègres

La montée de mouvements féministes au Swaziland a-t-elle un avenir? Ce petit royaume au territoire enclavé à l’intérieur de l’Afrique du Sud est plus connu pour son roi aux multiples épouses que pour sa législation en faveur des droits des femmes.

Des militantes swazies remettent en question les lois et traditions qui marginalisent les femmes, arguant qu’elles sont en décalage avec les changements au sein de la société, rapporte le Guardian de Londres dans un reportage.

L’épidémie VIH-Sida a par exemple propulsé les femmes comme chefs du foyer. Elles s’attellent également à sensibiliser les jeunes filles aux problèmes des maladies sexuellement transmissibles dans un pays où un quart de la population du Swaziland est séropositive.

Les efforts réalisés par les autorités swazies ne suffisent pas. Et bien que le roi Mswatti III, qui a épousé 13 femmes, ait signé une nouvelle constitution stipulant l’égalité entre les sexes, une femme au Swaziland n’a toujours pas le droit de faire un emprunt bancaire ou de devenir propriétaire d’un bien immobilier. Les accords internationaux sur les droits de la femme signés par les autorités n’ont donné lieu à aucune loi. 

Tout comme en Afrique du Sud, le modèle familial au Swaziland a été chamboulé par l’épidémie du VIH-Sida ; la plupart des enfants sont élevés par une mère célibataire ou par une grand-mère. Les organisations dénoncent le désintérêt du royaume sur la question des mères célibataires.

Accusées de remettre en question le rôle traditionnel des femmes, ces dernières répondent que ce modèle n’existe plus.

«La vie traditionnelle telle que nous la vivions n’existe plus. Je trouve cela triste que le foyer multi-générationnel au sein duquel les femmes tenaient une position importante soit une chose du passé. On ne peut pas revenir en arrière et nous devons nous adapter», insiste Ntombi Dube, une militante travaillant dans le secteur de la santé. 

Les initiatives dédiées aux droits des femmes sont diverses et multiples. L’association «Swaziland Young Women’s Network» fut ainsi lancée lors d’un grand défilé dans les rues de la capitale Mbabane contre le harcèlement sexuel.

En décembre 2012, selon le site Swazi Media Company, la police annonçait qu’elle arrêterait toute femme portant une mini-jupe au nom des «valeurs traditionnelles». Le porte-parole de la police, tentant de justifier l’interdiction, s’était alors basé sur une loi datant du 19e siècle.

Au pays de la Reed Dance, la danse des roseaux, effectuée seins nues par des milliers de jeunes filles vierges présentées au roi, les femmes prennent donc en main leur destin, refusant de se cantoner dans leur rôle traditionnel. 

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Lu sur Swazi Media Company et The Guardian

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