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La note salée de l’intervention militaire en Libye

Au-delà des préoccupations diplomatiques internationales sur l’intervention militaire en Libye, son coût est une affaire tout aussi intéressante.

Sans vouloir accorder plus d’importance aux considérations matérielles qu’à la protection des civils, force est de constater que l’addition des attaques aériennes sur le sol libyen va être très salée.

Les Etats-Unis ont commencé à faire leurs comptes, et pour la seule journée de dimanche, ce sont pas moins de 100 millions de dollars (67 millions d'euros) de bombes, missiles et carburant qui sont partis en fumée dans le ciel libyen. Les attaques aériennes et navales menées de front avec la coalition internationale pourraient coûter plusieurs milliards de dollars, ce qui nécessiterait alors l’intervention du Congrès américain pour débloquer un fonds d’urgence. Tel que le rappelle l'hebdomadaire américain NationalJournal:

«Il y a un point où il n’y a simplement plus assez d’argent pour tout payer. La Maison Blanche a déclaré lundi 21 mars qu'elle n'était pas encore préparée à solliciter un fonds d’urgence.»

Porte-parole du Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche, Kenneth Baer ajoute:

«L'opération en Libye a été réalisée avec des ressources déjà existantes. Nous n’envisageons pas de réclamer des fonds supplémentaires pour le moment.» 

Jusqu’à maintenant, les attaques de la coalition internationale auraient coûté entre 400 et 800 millions de dollars (entre 282 et 565 millions d'euros). Le maintien d’une zone d’exclusion aérienne représenterait une dépense hebdomadaire de 30 à 100 millions de dollars (entre 21 et 67 millions d'euros). Si chaque missile Tomahawk coûte entre 1 et 1,5 million de dollars (entre 674.300 et 1,1 million d'euros), la facture américaine pour les 112 missiles tirés depuis le 20 mars s'étale entre 112 et 168 millions de dollars (entre 79 et 118 millions d'euros). Et il ne faut pas oublier l’aviation: le carburant et la maintenance des avions de combat F-15 et F-16 coûtent environ 10.000 dollars de l'heure (6.743 euros).

Concernant ses dépenses militaires, la France n’est pas en reste. Les avions de combats Rafale et Mirage 2000 ont totalisé plus de 400 heures de vol et 55 sorties en 3 jours. L'hebdomadaire économique français Challenges rapporte:

«Le coût de l’heure de vol du Rafale est de l’ordre de 10/13.000 euros hors carburant et celle du Mirage 2000 de 10/11.000 euros.»

Les missiles «armement air sol modulaire» (AASM) de Sagem utilisés par l’aviation française peuvent être négociés entre 250.000 et 300.000 euros.

Si pour le moment les fonds débloqués n’outrepassent pas le politiquement correct, la plupart des budgets européens ont subi une sévère cure d’amaigrissement dans le cadre de leurs politiques de rigueur. L'Humanité cite le général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée française, lequel, «lors du débat budgétaire en octobre (…) évoquait devant les parlementaires une conjoncture très défavorable pour l’aviation de combat».

Lu sur NationalJournal, Challenges, L'Humanité