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Sahara Occidental - Ces artistes espagnols qui irritent le Maroc (VIDEO)
Rien ne va plus entre l’Espagne et le Maroc. L'objet du litige, une tribune du célèbre acteur espagnol Javier Bardem sur la question du Sahara Occidental publiée sur le site de CNN, chaîne américaine, le 13 décembre, rapporte le quotidien marocain Le Matin.
Et pour cause, Javier Bardem dénonce les conditions de vie des Sahraouis et a vivement critiqué la communauté internationale qui «laisse faire» le Maroc, parce que ce dernier est un allié économique et stratégique pour l’Europe et les Etats-Unis, toujours selon la même source.
«Je suis allé au Sahara occidental pour la première fois en 2008 à l’occasion du Festival International du Film du Sahara, le seul du genre à avoir lieu dans un camp de réfugiés. J’y suis allé pour savoir un peu plus sur la situation dans cette région, qui a été largement exclue des agendas de la plupart des pays et ignorée par les médias en général. Comme c'est le cas pour tous ceux qui visitent cette région, je suis rentré chez moi choqué par les abus du Maroc à l’encontre des droits du peuple sahraoui. Je n’y ai passé que 10 jours. Depuis lors, j'ai essayé de m'impliquer dans cette question, et fait un film Sons of the Clouds: The Last Colony (sorti en février 2012, ndlr) pour essayer d'accorder un peu d'attention à cette situation en grande partie oubliée», écrit Javier Bardem dans sa tribune, rapporte le site marocain Yabiladi.
Ces déclarations ont provoqué un tollé dans le royaume chérifien. Invité par CNN à répondre à Javier Badem, le gouvernement marocain a réagi dans une lettre rendue public le 14 décembre. Son porte-parole, Mustapha El Khalfi, estime que la tribune de l’acteur espagnol est «une représentation irréelle et propagandiste sur la situation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf».
D’autant que, relève le porte-parole marocain, le rapport 2008 de Human Rights Watch publié sur la situation des droits de l’Homme au Sahara et dans les camps de réfugiés de Tindouf, démontrait avec preuves à l’appui que la violation des droits de l’Homme dans la région était imputable au Front Polisario, de l'abréviation espagnole Front populaire de libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro, un mouvement politique et armé du Sahara occidental, créé en 1973 pour lutter contre l'occupation espagnole. Il est opposé depuis 1975 au Maroc pour le contrôle du Sahara occidental.
Dans une tribune éditoriale de Au Fait Maroc intitluée «Sahara marocain: les artistes espagnols sur une fausse route», Abdelhaq Sedrati critique «l’engagement de Javier Bardem, qui fait suite à celui du réalisateur Almodovar»:
«Comme à son habitude, Javier Bardem refait parler de lui en venant défendre devant une commission de l’ONU, le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Il ne pouvait pas faire autrement que s’accrocher à ce conflit qui résulte d’une longue colonisation conduite par l’Espagne, son pays».
Et le journaliste marocain de conclure:
«Non vraiment, MM. Bardem et Almodovar vous êtes certainement de grands artistes, mais vous devriez chercher une cause plus noble ou bien ouvrir un débat avec les démocrates marocains et ceux qui ont fui Tindouf pour mieux comprendre la région.»
Lu sur Le Matin, Yabiladi et Au Fait Maroc
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