SlateAfrique

mis à jour le

Le Maroc planche sur les droits des migrants subsahariens

Le monde vit sa Journée internationale des migrants ce 18 décembre, comme chaque année depuis 1990, date de l'adoption par les Nations Unies de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. 

Vu du Maroc, c'est une occasion unique de mettre en avant une réalité complexe «dont les protagonistes ne sont autres que des personnes ayant été forcées de quitter leur pays à cause de la violence, la persécution, le changement climatique, la pauvreté et les désastres naturels, ou d'autres, ayant choisi le départ, tout simplement en quête d'une vie meilleure», explique le site Au Fait Maroc.

Car au Maroc la situation des migrants est loin d’être idyllique, rapporte le quotidien marocain Libération.

«En plus de leur situation catastrophique, de l’exploitation au travail, de la discrimination raciale, de l’absence des conditions minimales de respect de la dignité humaine, des traitements cruels et dégradants et des licenciements collectifs ont continué durant l’année 2012.

Cette situation empire concernant les femmes, les mineurs et les enfants non accompagnés exposés à plusieurs formes d’exploitation, à la violence sexuelle, la séquestration, au viol et à la torture physique et psychique de la part de réseaux de contrebande et de traite d’êtres humains et de quelques employeurs en l’absence de protection juridique réelle», dénonce ce quotidien de Casablanca. 

Pourtant le Maroc est doté d'une législation qui régit l'entrée et le séjour des étrangers, ainsi que la migration irrégulière. La loi 02.03, publiée dans le bulletin officiel le 20 novembre 2003, traite le problème de l’immigration irrégulière comme une question d’ordre sécuritaire.

Cette loi demeure encore non respectée, et toujours mal appliquée, selon Marcel Amiyeto, secrétaire général du syndicat des travailleurs immigrants au Maroc, qui dénonce un texte contenant plus de sanctions à l’égard des migrants que de droits.

Et l’adoption de la Convention internationale par l’Etat marocain ne s’est pas reflétée dans la loi 02-03 ni au niveau des droits fondamentaux garantis aux migrants.  

«Connu traditionnellement comme un pays d'émigration, le Maroc est devenu, depuis quelques années, non seulement un pays de transit vers l'Europe mais également un pays d'accueil pour un nombre croissant de migrants, de réfugiés et de demandeurs d'asile», note Au Fait Maroc.

Issu généralement du Cameroun, Guinée, Sénégal, Nigeria et du Ghana, les migrants sont de plus en plus nombreux à vouloir s'installer au Maroc au lieu de chercher à atteindre l'«eldorado européen», empêtré dans la crise économique, toujours selon la même source.

Entre 15.000 et 20.000 Subsahariens vivent en situation irrégulière au Maroc, selon Marcel Amiyeto. Des chiffres qu’il rapporte de la dernière déclaration du ministère de l’Intérieur sur le sujet.

C'est pourquoi à l'occasion de cette journée spéciale, l’Organisation démocratique du travail (ODT) et l’Organisation des travailleurs immigrés au Maroc organisent, les 18 et 19 décembre à Rabat, deux journées d’études sur «la migration et la nouvelle Constitution au Maroc». 

Prennent part à ces journées, des juristes, des professeurs, des syndicats et responsables de mouvements associatifs, qui vont essayer de se pencher sur la problématique de la régularisation des travailleurs immigrés sans papiers, à la lumière des dispositions de la Constitution, selon Au Fait Maroc. 

Lu sur Au Fait Maroc et Libération

A lire aussi

Les étudiants africains, victimes du racisme ordinaire au Maroc

Les travailleurs noirs en ont ras-le-bol du racisme

Les Marocains sont-ils racistes?

Le racisme anti-noirs se banalise-t-il au Maroc?

Dans la peau d'un noir au Maroc