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Pourquoi les Maliens du sud aiment les prostituées

Dans le nord du Mali, l’heure est à la charia, à la pudeur poussée à l’extrême et à la répression des mœurs jugées inconvenantes par les djihadistes.

Au sud, la situation est bien différente. Dans la région de Kayes (sud-ouest) par exemple, les populations assistent à une recrudescence du nombre de prostituées venues travailler près des zones minières.

A la suite de la découverte d’or au début des années 2000 dans le cercle de Kenièba, au sud-ouest du Mali, plusieurs localités sont ainsi devenues en l’espace de quelques années de véritables villes champignons, explique le site Le Journal du Mali.

Le village de Loulo, qui revendiquait ainsi quelques 200 âmes en 2004 avant l’implantation d’une société minière, compte aujourd’hui environ 12.000 habitants. Une explosion démographique qui s’est accompagnée d’une flambée de la prostitution.

«Le plus vieux métier du monde est pratiqué au vu et au su de tous dans les villages riverains du site minier de Loulo. (…) Toutes ces filles de joies viennent aussi chercher fortune dans cet eldorado» précise le Journal du Mali.

Nigérianes, Ghanéennes, Guinéennes et «même quelques Maliennes» profitent ainsi de la ruée vers l’or de l’Ouest malien, et sont en outre bien accueillies par les populations.

«On aurait pu s’attendre à une farouche opposition de la population à la présence de ces dames qui somme toute, contribuent à la dégradation des mœurs dans la zone. Eh bien non, c’est plutôt le contraire qui se produit. Ces dames ont été bien accueillies» indique le Journal du Mali.

Et pour cause: «elles ont “sauvé” les couples» selon le site, qui indique que leur arrivée a permis de pallier à une situation jugée insupportable par les populations: le trop grand nombre de travailleurs des mines, qui avaient pour fâcheuse habitude de séduire les femmes de la région, au détriment des hommes et des familles.

Les prostituées «aident à éviter ou au moins limiter les infidélités des femmes du pays qui étaient devenues des proies faciles pour les travailleurs des mines. Adultères, disputes, répudiation et familles brisées étaient en effet devenus le lot des habitants de ces localités situés aux alentours des sites miniers» souligne le site, qui va jusqu’à parler d’un véritable «facteur de régulation sociale».

A tel point que la société minière de Loulo a décidé d’encadrer ces travailleuses du sexe, en leur faisant passer régulièrement des tests de dépistage pour le VIH grâce à la clinique du site.

Lu sur Le Journal du Mali

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